Les
amoureux du 20e
« Les amoureux du
20e », parce que amoureux dans le 20e,
mais aussi amoureux de leur 20e !
On
débute cette série sur les histoires d’amour dans le 20e
arrondissement, avec Isabelle et Philippe, qui s’aiment depuis 42
ans… jamais très loin de la place Édith Piaf.
Aide-soignant
pendant 45 ans à l’hôpital Tenon, Philippe, 70 ans, est un enfant
du 20e
arrondissement. Il y est né, y a grandi, travaillé, rencontré sa
femme, y a élevé ses enfants, ses petits-enfants, et s’y est
marié en 2009, place Gambetta.
Prendre
soin des siens, de sa famille, tel est son credo, lui qui n’a connu
ni son père, ni son grand-père. Comme une revanche sur la vie. “Je
suis issu d’une lignée de femmes, les hommes ne restaient jamais
longtemps”.
Quand
il vient au monde en 1951, c’est dans un milieu très modeste. Sa
mère est aide-soignante à Tenon et sa grand-mère assistante de
direction. Cinq enfants sont élevés dans un deux-pièces rue
Villiers de l’Isle-Adam. L’espace manquant, la famille se voit
attribuer en 1956 un 120 m2 à Stains (93) dans une cité.
Dans
ces grands ensembles neufs, “on se sentait comme des rois”. A 19
ans, sa mère le fait entrer à Tenon, où il devient lui-aussi
aide-soignant. Pour se rapprocher, Philippe prend un studio dans le
18e.
Dix
ans plus tard, alors qu’il travaille en chirurgie, il rencontre
Isabelle, jolie brune de 18 ans, venue travailler le temps d’un
été. Il a le coup de foudre pour cette Parisienne qui vit à
Bastille. La bonne nouvelle, c’est que c’est réciproque. La
moins bonne, c’est qu’il vient de demander un an de disponibilité
pour voyager en Amérique latine avec son meilleur ami. Leur amour
tiendra la distance.
Secrétaire
de formation, travaillant pour des agences de publicité, Isabelle
les rejoindra à Lima pour des vacances.
Au
retour des amis voyageurs, Isabelle et Philippe reprennent leur vie
commune, dans un 9m2 de la RIVP, Porte de Bagnolet. Ils font vite une
demande de deux-pièces qu’ils obtiennent au bout de 15 jours
seulement, rue Jean Weber (autre époque !). Comme leur famille
s’agrandit - Kevin naît en 1988, Thomas en 1990 -, ils
déménageront ensuite pour plus grand : rue Louis Ganne et rue de la
Py.
En
plusieurs décennies, ils ont vu le quartier changer : “Clairement,
ça s’est boboïsé, il y a plus de magasins de bouche et c’est
plus riche intellectuellement”. Plutôt une bonne chose selon eux,
même si une petite minorité “vit en dehors de la réalité”.
Leur
clan vit à proximité. Un de leurs fils est installé Porte de
Montreuil et exerce comme prof de tennis au Passing Club, Porte des
Lilas. L’autre vit à Saint-Mandé et travaille dans
l’informatique. À 64 ans, Philippe a pris sa retraite (il aurait
pu partir bien avant, à 57 ans, mais il aimait trop son travail).
Aujourd’hui, il passe le plus clair de son temps à couver ses
petits-enfants. Prochaine étape : voyager quand sa femme Isabelle
sera retraitée. “On emmènera nos enfants et petits-enfants en
vacances. On est tous très unis. Peut-être parce que la vie de
famille m’a manqué enfant”. Appelez-le papa ou papy gâteau, il
ne s’en offusquera pas. Bien au contraire.
■ Pauline
Pellissier