Plongée dans le Surréalisme avec Hans Bellmer (1902-1975) et Unica Zürn (1916-1970) | L'Ami du 20ème

Accueil
Sommaire du numéro en kiosque
Quartiers du 20ème
Liens du 20ème
Nous joindre
Acheter le journal
Histoire de l'Ami
Comment participer ?
Les archives du 20ème
Les numéros de 2019
Les numéros de 2018
Les numéros de 2017
Les numéros de 2016
Les numéros de 2015
Les numéros de 2014
Les numéros de 2013
Les numéros de 2012
Les numéros de 2011
Les numéros de 2010
Les numéros de 2009


Plongée dans le Surréalisme avec Hans Bellmer (1902-1975) et Unica Zürn (1916-1970)


Au Cimetière du Père Lachaise (Division 9)                    + DEUX PHOTOS

Plongée dans le Surréalisme avec Hans Bellmer (1902-1975) et Unica Zürn (1916-1970)

Né le 13 mars 1902 à Kattowitz, en Silésie allemande, Hans Bellmer fuit une enfance morose pour se réfugier dans l’imaginaire artistique, en compagnie de son frère Fritz. Inscrit, contre son gré, par son père, dans une école d’ingénieurs berlinoise, Bellmer, côtoie les spartakistes et fréquente les Dadaïstes. Il abandonne l’université technique en mai 1924, et, sur les conseils du peintre George Grosz, entame une formation de typographe. Devenu illustrateur aux éditions Malik-Verlag, il rencontre une première fois les surréalistes lors d’un voyage à Paris en 1925-1926. De retour à Berlin, il ouvre une agence publicitaire, et, en 1928, se marie avec Margarete Schnelle. En 1933, à l’arrivée du pouvoir des nazis, Bellmer décide de ne plus rien faire qui puisse être utile à l’État et ferme son entreprise.

L’inventeur de la poupée Bellmer

En 1934, il conçoit sa célèbre « poupée », sculpture d’1 mètre 40, représentant une jeune fille chaussée d’escarpins noirs sur des chaussettes blanches, aux membres articulés autour d’une grosse boule représentant l’abdomen, et pourvue d’un cou amovible. Exhibée par le pouvoir dans les expositions d’« art dégénéré », l’œuvre, qui sera abondamment analysée par les psychanalystes comme une projection sadomasochiste, permet, selon son créateur, d’accéder à la mécanique du désir, et fera l’objet d’infinies variations.

Bellmer, dont la femme meurt, s’installe à Paris, et participe aux expositions surréalistes. Ressortissant allemand, et donc suspect aux yeux de l’administration, il est arrêté, et emprisonné au camp des Milles, en Provence, en compagnie notamment de Max Ernst. Ayant échoué à partir aux États-Unis, il se réfugie dans la clandestinité jusqu’à la Libération. Il collabore ensuite avec Paul Éluard (enterré dans la 97ème division), et publie les images d’une seconde « poupée », dans le désormais célèbre ouvrage Jeux de la poupée, paru en 1949. Parallèlement, l’homme poursuit un travail intense d’illustrateur et de graveur.

En 1953 Hans Bellmer rencontre Unica Zürn

Née le 6 juillet 1916 à Berlin-Grünewald dans un milieu fortuné, fille du journaliste-voyageur Ralph Zürn, cette dernière a d’abord été scripte aux studios de l’UFA (Universum Film AG), puis, à partir de 1936, scénariste et réalisatrice de films publicitaires. En 1942, elle épouse Erich Laupenmühlen, avec lequel elle aura deux enfants, et qu’elle quittera en 1949.

Hans Bellmer et Unica Zürn emménagent dans une modeste chambre de la rue Mouffetard, où ils vivent chichement. Présentée par son nouveau compagnon au groupe surréaliste, Unica réalise de nombreux dessins et anagrammes. La jeune femme, qui abandonne rapidement la peinture, décide de ne se consacrer qu’au dessin et à l’écriture, et crée de nombreuses, et énigmatiques, chimères. Sa santé mentale se dégrade rapidement, et elle fait plusieurs tentativesde suicide, entrecoupées d’internements, en diverses cliniques, d’abord outre-Rhin, puis en France.

Deux fins de vie désolantes, rue de la Plaine

En 1969, Bellmer, suite à une crise cardiaque, devient hémiplégique, et sombre dans un mutisme définitif. Très affaiblie, Unica écrit alors Sombre printemps, bref et bouleversant récit à la troisième personne, relatant une enfance allemande, des premiers fantasmes sexuels ainsi qu’une scène d’inceste. Début 1970, elle trouve la force de composer Crécy, un journal de souvenirs, ainsi que son Livre de lecture pour les enfants. Le 7 avril 1970, elle rédige une lettre de rupture à Bellmer, puis se rend à leur domicile, au 4 rue de la Plaine, au-dessus de l’actuel Monoprix-Nation, pour se jeter dans le vide. Paralysé, Bellmer, qui souffre d’un cancer de la vessie, meurt six ans plus tard, le 23 février 1975.

Les deux amants reposent aujourd’hui ensemble, sous une dalle de marbre noir. Mon amour te suivra dans l’Éternité (Hans à Unica), peut-on lire sur leur tombe.

Etienne Ruhaud