Notre
Dame des Otages
De la Commune au
Couvent
En cette année de la Vie
Consacrée et alors que le 26 mai prochain ce sera le 144ème
anniversaire du massacre des Otages de la rue Haxo, il a semblé
important d’évoquer la mémoire - ou de faire connaître
l’histoire- de Louise Félicie Gimet plus connue sous le nom de
« Capitaine Piguerre » ou « Capitaine Pierre »
pour les historiens de la Commune de Paris ou de Sœur « Fille
de Marie » Marie-Eléonore, en religion.
Née en 1835, à
Roanne en Forez, ayant perdu sa mère très jeune, elle va
adolescente quitter la maison familiale pour mener une vie dissolue,
allant de ville en ville au gré des affectations de ses amants. A
Marseille, elle se fait inscrire à la franc-maçonnerie et
désormais, elle va renier la foi de son enfance en vouant une haine
à tout ce qui y touche, en particulier les hommes d’églises et
au premier rang : les Jésuites.
La prédiction du Curé d’Ars
Cependant, de la foi de
son enfance, elle garde une grande dévotion pour la Vierge Marie,
ainsi elle giflera un jeune Lyonnais parlant grossièrement, en 1850,
de Notre Dame de Fourvière. Mais, c’est par provocation qu’elle
se rend à Ars pour voir, celui dont tout le monde parle. Le Saint
Curé d’Ars l’apercevant, parmi la foule présente, s’écrie :
« Malheur à vous, vous ferez beaucoup de mal ! »,
puis il ajoute : « Mais Notre Seigneur, dans sa
miséricorde, aura pitié de vous. Vous vous convertirez grâce à
cette dévotion que vous conservez pour sa divine Mère ». Il
la laisse figée sur place.
La communarde
L’insurrection de Paris
qui suit la guerre de 1870, l’attire et elle s’enrôle parmi les
communards. Portant un uniforme de capitaine, elle se fait appeler
« capitaine Piguerre », du nom de son amant du moment et
va donner libre cours à sa haine de l’ordre établi et des
ecclésiastiques. Elle commande le peloton d’exécution qui le 21
mai abat les 6 principaux otages de la prison de la Roquette dont
Monseigneur Darboy. Mais, surtout, c’est elle qui dirige, selon
certains témoignages dont le sien, le 26 mai 1871, le « chemin
de croix » des 50 otages extraits de la prison de la Roquette
et conduits vers la rue Haxo où elle déclenche leur massacre, au
cri de « Pas de pitié pour les Versaillais ! Tous des
assassins, calotins et gendarmes ! ». C’est elle qui
déclenche la tuerie en faisant feu la première.
La première partie de la
prédiction du Curé d’Ars s’est réalisée
Sœur Marie-Eléonore
Arrêtée, emprisonnée,
elle est condamnée à mort. Mais la supérieure de la congrégation
des sœurs de l’ordre de Saint-Joseph, Mère Eléonore la sauve en
lui obtenant un sursis. Deux ans plus tard, elle est graciée et
confiée à la surveillance des sœurs. Elle suit, à Montpellier,
la Mère qui prend la direction du centre de la Solitude de Nazareth
chargé de recevoir les détenues libérées et les filles repenties.
Sa peine est amnistiée
en 1880, et son existence de piété se concrétise, en 1890,
lorsqu’elle prononce ses vœux de « Fille de Marie ».
Jusqu’à sa mort, en 1893, Sœur Marie-Eléonore sollicite la
faveur d’accompagner jusqu’au bout les mourants et de leur parler
des divins pardons.
Sur son lit de mort, elle
dira : « Je me suis jetée tout entière dans les bras de
sa miséricorde. Qu’ai-je à craindre ? …. »
Ainsi, la deuxième
partie de la prédiction du curé d'Ars s’est réalisée.
JP VITTET
3300 Sources :
Historia n°373
et Revue d’histoire de
l’Eglise de France. Tome74