Les
Amandiers
Un
quartier original
Le quartier des Amandiers
est situé entre la rue de Ménilmontant, le Père Lachaise, le
boulevard de Ménilmontant au sud et la rue Sorbier au nord.
C’est un très vieux
quartier d’habitation, car sur un plan de 1854, sous Napoléon III,
la construction y était déjà relativement dense par rapport aux
parties plus hautes de Belleville et Ménilmontant encore très
agricoles et peu construites. Il est vrai que ce quartier était
situé en bordure du Paris d’alors, le long de l’enceinte des
Fermiers Généraux et près d’une porte d’accès à Paris. Le
boulevard de Ménilmontant s’appelait alors boulevard des Amandiers
et la rue de Ménilmontant La Chaussée de Ménilmontant. La grande
courbe de la rue des Amandiers existait déjà.
Vers 1900 le repaire
des Apaches
Vers 1900, c’est un des
quartiers les plus misérables qui est devenu le repaire d’une
bande d’ « Apaches. » Si Belleville avait « casque
d’or », ici c’était une certaine Maria Cosson qui était
« la Reine des Amandiers ». Ces voyous avaient, pour
signe distinctif, un tatouage sur la main en forme de croissant.
Entre les deux guerres
un îlot insalubre
Entre les deux guerres
mondiales, ce quartier va être déclaré « îlot insalubre n°
11 ». La raison en est la prolifération de la tuberculose, une
maladie très contagieuse et dite « populaire »,
favorisée par la surpopulation dans ces logements. Cette théorie a
été contestée par un article paru dans « le XXe
arrondissement » en 1999 (édité par l’action artistique de
la Ville de Paris), dont le titre était « la légende des
ilots insalubres » ! Cela prouve que la polémique a duré
très longtemps sur l’aménagement de ce quartier.
Les premières
expropriations ont lieu seulement en 1920, mais la chaîne
d’organisation nécessaire : immeuble de
transit-expropriation-relogement-démolition-reconstruction et
logement définitif fonctionne très mal.
Après la seconde
guerre des immeubles de type Le Corbusier
Au lendemain de la
seconde guerre mondiale, il y a une forte pénurie de logements.
L’urbanisme du quartier s’inspire des théories de Le Corbusier
avec 3 immeubles « barres ».. C’est un bouleversement
du quartier peu apprécié par les habitants qui trouvent les loyers
trop chers. Artisans puis commerçants fuient le quartier. On
construit jusqu’en 1967.
En 1972 création
d'une ZAC
En 1972 on crée une ZAC
(Zone d’Aménagement Concerté). Nouveaux architectes , nouveaux
projets, nouvelles constructions, nouvel échec d’une architecture
hybride et hétéroclite !
Enfin Castro achève
les travaux + Photo 2336
En 1996, on change de
politique. Le nouvel architecte, Castro, privilégie le tissu urbain
encore existant et achève les travaux en conservant et en
aménageant les constructions les plus récentes. Depuis 1920, il
aura fallu près de 90 ans pour rénover ce quartier !
Un résultat global
en demi-teinte
Si l’impression
générale sur l’ensemble architectural du quartier est plutôt
agréable malgré des constructions d’époques différentes, mais
toutes « modernes » d’aspect, on peut reprocher une
répétition lassante des mêmes façades dans certaines rues
(Panoyaux, Max.Ernst..). Il y a encore des chantiers en cours :
ravalements et logements pour étudiants rue Delaitre.
A 4h de l’après midi
en semaine le quartier est à peu prés vide de piétons ou de
voitures. C’est un peu triste et la cause en est probablement le
manque presque total de boutiques et de cafés. Non, ils ne sont pas
revenus ! Toutes les activités commerciales se reportent sur
les rues périphériques où les bâtiments anciens n’ont pas été
démolis, comme le boulevard de Ménilmontant ou la rue du même nom.
La rue de Ménilmontant
: peu enthousiasmante + Photo 2373
Malheureusement cette
dernière rue est, à mon avis, la moins belle du 20e avec ses
immeubles trop disparates pour cette rue, souvent sales, couverts de
tags et d’affichages sauvages plus ou moins déchirés. J’ai
compté une vingtaine de boutiques fermées, abandonnées ou « à
louer » depuis le haut de la rue ! Est-ce la forte pente
et l’étroitesse des trottoirs qui font fuir les commerces ?
On n’a guère envie d’y faire du « lèche vitrine ! Si
le haut de la rue commence a être amélioré, il y a une grosse
rénovation à faire dans cette voie qui est une artère très
fréquentée.
A noter comme bâtiment
culturel du quartier : le conservatoire Georges Bizet datant de
1985, rue des Cendriers, le XXème Théâtre rue des Plâtrières et
le centre d’animation des Amandiers au 110 rue des Amandiers.
Ces quelques lignes
sur ce quartier ne sont qu’un coup d’œil d’un visiteur en
promenade et n’évoquent pas, de ce fait, la vie des habitants
actuels. Un autre sujet que des résidents pourraient proposer à
L’AMI ?
Jean-Blaise Lombard
Encadré
D'anciens noms de rues
conservés
Certains noms datent de
l’époque des vergers et des cultures : « Les
Amandiers » sont des arbres qui poussent au sud de la France ;
ils devaient être peu nombreux dans le quartier ! Les
« mûriers » ont donné leur nom à un square et à une
rue. La rue des « Panoyaux » devrait s’appeler Sans
pépin puisqu’il y poussait un raisin sans pépins ! Cette rue
date de 1812.
Comme dans tout les
quartiers du 20e. il y a des rues qui portent depuis
longtemps, des noms de gens inconnus dont le seul mérite était
d’être propriétaire du terrain ( Elisa Borey depuis 1883, Duris
depuis 1832, Victor Letalle depuis 1881…etc..).+ Photo
2338
Enfin certains noms
rappellent des activités anciennes comme les « plâtrières »,
datant de 1877, qui rappellent les proches carrières de plâtre, ou
les « cendriers » (1851), qui vendaient de la cendre pour
faire la lessive.
D’autres ont reçu
le nom d'artistes
Des rues reçurent le nom
d'artistes comme le peintre Fernand Léger (1881-1955), pionnier
du « cubisme », ou un autre peintre, Max Ernst
(1891-1967), issu du style « surréaliste », ou encore
l’écrivain-poète Jacques Prévert (1900-1977) qui écrivit aussi
des dialogues pour le cinéma et dont les poèmes furent souvent mis
en musique (les feuilles mortes, Barbara….).
Ces rues portent ces
noms depuis 1987 à 1990. Passons très vite sur des gens peu connus
mais méritant une plaque de rue, comme, entre autres, l’officier
Louis Delgrés (1766-1802) ou Louis Nicolas Clérambault (1676-1749)
organiste et compositeur
Reste une rue au nom
mystérieux : « rue des Partants »? Qui sont
ces partants ; où allaient-ils ???