Notre Dame de la Croix
Le Père Emmanuel Tois
nous a quittés
Après cinq années
passées à Notre-Dame de la Croix, le père Emmanuel Tois est nommé
curé de Notre-Dame du Rosaire, dans le 14e
arrondissement. Retour sur cinq années denses. Il répond à nos
questions
Avez-vous été
surpris par votre nomination dans le 20e ?
Je n'ai pas été
surpris, et j'ai été heureux de cette nomination. Quelques mois
avant mon ordination, l'un des évêques auxiliaires de Paris m'avait
reçu en me demandant ce que je ne voulais absolument pas faire et ce
que je voulais faire. A la deuxième question, j'avais répondu :
« nommez-moi vicaire en paroisse, et si possible, dans un
quartier mélangé ». J'ai été comblé. Je ne connaissais
qu'assez peu le XXe, et cette grande diversité, sociale,
culturelle, religieuse, m'a porté et nourri.
Quel sera votre
souvenir le plus fort ?
Il est impossible de ne
vous en donner qu'un. L'un des plus forts est sans doute celui de la
messe d'action de grâce à l'occasion de notre départ, Matthieu de
Laubier, ordonné prêtre le 24 juin, et moi.. La beauté de la
liturgie, dans cette église magnifique où se conjuguent
magnifiquement les services rendus par la chorale, les servants de
messe, les servantes de l'assemblée, l'assemblée elle-même et ses
ministres, m'a saisi dès le commencement. Je sais que comme la toute
première messe célébrée ici, cette dernière restera gravée en
moi.
Les jeunes m'ont beaucoup
donné aussi. En arrivant à 47 ans, je craignais que mon âge soit
un handicap. Il a sans doute dérouté, non pas les enfants du
catéchisme, mais les collégiens et lycéens. Pour que finalement je
crois, il devienne un atout. Quelle joie devant la confiance que
beaucoup m'ont fait ! Quelle responsabilité et quel bonheur
d'avoir tenté de leur faire connaître le Christ !
Je parle des jeunes, et
cela me fait penser à d'autres jeunes : ceux qui se préparent
au mariage. Souvent ils connaissent peu l'église. J'ai trouvé là
un de mes lieux favoris : sortir des cercles très initiés.
Pour y rencontrer quoi ? La plupart du temps beaucoup de
curiosité et de bienveillance.
Des regrets ?
Oui, au minimum deux. Ne
pas avoir continué, par manque de temps et de force, les échanges
en soirée avec des personnes que j'allais rencontrer en fin de
semaine dans les cafés du quartier. Vers 23 heures, le simple fait
de m'installer au bar devant une bière provoquait, en quelques
minutes, des échanges d'une grande richesse. Et là je rencontrais
souvent des gens qui ne connaissent pas Dieu. Ou qui l'ont oublié,
parfois rejeté. Mais la quête est immense dans ce quartier où le
climat est très rarement malveillant. Ces moments-là m'ont beaucoup
marqué. Mais je n'ai pas réussi à durer.
Le deuxième regret est
d'avoir été trop peu présent aux deux maisons de retraite, la
MAPI et les Airelles, où je célèbre la messe chaque
mois. Quel dommage de ne pas avoir su, ou pu, répondre aux
nombreuses demandes de visites, émanant de personnes tellement
seules …
Et l'Ami ?
J'ai eu la joie d'en être
le prêtre accompagnateur pendant trois années. Avant même cette
période, l'Ami m'a aidé à m'intégrer au quartier. Comme
journal chrétien d'information locale, il n'a son pareil nulle part
dans Paris. Mais il a actuellement un tournant à prendre pour
réussir le nécessaire rajeunissement de ses cadres (lecteurs, venez
nous rejoindre !) et pour ne pas se laisser emporter, comme tant
d'autres journaux, par la transition numérique.
Entretien réalisé par Bernard
Maincent