Chris Marker artiste culte inclassable et petit gars du 20e | L'Ami du 20ème

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Chris Marker artiste culte inclassable et petit gars du 20e


Une exposition

remarquable

à la cinémathèque,

à sa hauteur.

On découvre son oeuvre à la

cinémathèque qui présente une

exposition très riche de cet artiste.

On le connait sans presque

le savoir. Oui on connait ces

chats drôlement peints qui le

caractérisent à l’entrée de son

domicile, dans le 20e.

Il les adorait. Ce grand artiste

multiforme est un petit gars du

20e,. Il lui est resté fi dèle jusqu’à

ses 91 ans, dans ce grand atelier

où ce cinéaste, mais aussi

cet écrivain, plasticien, photographe,

musicien, inventait et

où il nous a quittés en 2012.

Un créateur multiforme

et étonnant

Le fi lm « la Jetée » est une de

ses oeuvres les plus connues.

C’est un récit de science fi ction

constitué d’images fi xes et

d’une voix off qui vibre sur la

thématique de l’écoulement du

temps. Il a infl uencé maints cinéastes,

en particulier Terry Gillian

avec « l’armée des singes ».

Il était un cadreur hors pair qui

montait ses images pour faire

jaillir des idées, des infl uences,

des sens. Dix ans plus tôt, il réalise

avec Alain Resnais « les statues

meurent aussi » (1953) qui

part d’une interrogation : pourquoi

l’art dit « nègre » se trouvet-

il au musée de l’homme quand

l’art grec se déploie au Louvre ?

Réquisitoire anticolonialiste

et antiraciste, ce fi lm se fait si

subversif qu’il sera interdit par

la censure pendant 11 ans.

Un artiste visionnaire

Avec un instinct prémonitoire,

il filme la longue grève des ouvriers

de la Rhodiaceta au printemps

1967 ; comme la France

en connaitra des milliers, l’année

suivante.

Réalisé avec un ouvrier, Mario

Marret, ce fi lm nous fait partager

la condition ouvrière allant

jusqu’à l’intimité de leur maison.

Dans « le fond de l’air est

frais » tourné en 1977, il agrège

les utopies révolutionnaires, de

Lénine à Che Guevara.

Il ne recevra qu’une seule récompense

offi cielle, celle du

prix de la critique internationale

en 1963, au festival de Cannes,

pour « le joli mois de mai ».

L’influence grandissante

de son oeuvre alors

qu’il s’était toujours tenu

à l’écart des médias

Comme pour se fondre dans

la cité, Chris Marker a pris de

nombreux pseudonymes. Christian

de Bouche-Villeneuve, de

son vrai nom, s’est même créé

des avatars comme Sergei Marasaki,

dans son jeu vidéo « Second

life ».

De la même façon, à partir de

1970, il a fui les studios de télévision,

s’est oublié dans une

oeuvre éblouissante et multiforme

dont on ne fi nit pas de

cerner les contours.

Il a laissé presque 600 cartons

dans son atelier. Et on a failli

jeter une oeuvre d’art : une bouteille

de « Cristalline » avec d’un

oté le tableau de Munch et de

l’autre le portrait du dirigeant

russe. Inclassable, visionnaire, il

n’a pas d’héritier au sens strict

mais il est devenu culte car on

n’en fait jamais le tour.

Dans « l’héritage de la chouette »,

série documentaire diffusée en

1989, qui présente une réfl exion

très vivante sur l’infl uence de la

Grèce antique de nos jours, il a

ce mot magnifique : « faudra-til

dire de la démocratie ce que

quelqu’un a dit du bonheur.

Cette chose qui n’existe pas et

qui pourtant, un jour, n’est plus.

Courez découvrir Chris Marker,

un artiste, un créateur, un

visionnaire. ■

Chris Marker, les 7 vies d’un

cinéaste, jusqu’au 29 juillet à la

Cinémathèque

LAURENCE HEN